Trois questions à Valérie Fakhoury

Valérie FAKHOURY, Directrice de la Clinique Saint-Vincent à Besançon (25), groupe Capio


Récemment quelle est votre plus belle réussite?
J’ai occupé plusieurs fonctions dans le domaine de la finance et de la trésorerie pour des groupes industriels internationaux tels Elf Aquitaine et BIC avant de me retrouver dans celui de la santé et je peux dire que le poste de directeur d’établissement hospitalier privé possède une vraie dimension de chef d’entreprise. Il est multi-facettes, varié de par les sujets et interlocuteurs et traite d’enjeux forts. Entre 2008 et 2010, ma plus belle réussite est d’avoir réussi à fédérer le corps médical autour de l’achat d’un robot de chirurgie, qui sera financé par les gains issus d’une meilleure efficience organisationnelle de la part de tous les praticiens, qui se sont largement engagés à faire des efforts dans ce sens. Ce robot, qui est en place depuis le 15 décembre dernier, est actuellement principalement utilisé en urologie mais des praticiens d’autres spécialités manifestent de l’intérêt : chirurgie mammaire, vasculaire et digestive, ORL. Il nous a semblé important de faire appel aux équipements de pointe pour asseoir davantage notre notoriété dans notre territoire. 

Quel est votre échec le plus cuisant?
L’Institut Régional Fédératif du Cancer de Franche Comté, un GCS qui a pour mission de fédérer le travail des cancérologues et des directions d’établissements de santé dans la lutte contre le cancer, a été créé à Besançon, sous l’égide de l’INCA. Mon plus grand regret est de ne pas avoir été en mesure de trouver des solutions équitables pour y insérer une prise en charge privée. Nos deux cancérologues, craignant ne plus être dans la boucle des adressages de patients, ont préféré, à grands regrets, rejoindre le CHU. De facto, on a tué le seul pôle privé de prise en charge d’oncologie et chimiothérapie totalement autonome de la région, alors que nous assurions près de 15% des prises en charge des séances de chimiothérapie.

Quelle est la question d’actualité qui vous interpelle?
Je participe à plusieurs groupes de travail dans le cadre du SROS et je déplore le fait que l’offre de soins ne soit pas suffisamment définie en fonction des besoins mais plutôt en se basant sur une enveloppe budgétaire et une ressource médicale contraintes. D’autre part, je vois avec crainte l’arrivée de « labels » de plateaux techniques qui définiront les activités chirurgicales des établissements. Avec ce système de gradation, à l’avenir, qui sera autorisé à faire quoi et sur quels critères objectifs, avec quelle pérennité ? On peut décemment se poser la question car nous ne sommes pas dans une situation de concurrence loyale avec le secteur public, dont le rôle est trop souvent privilégié par les ARS. On le ressent au niveau national, et pour nous, très clairement au niveau local.