Avec plus de 60 000 nouveaux cas diagnostiqués en 2023 et plus de 900 000 personnes atteintes en France, le cancer du sein est le plus répandu des cancers féminins. Si les avancées thérapeutiques permettent aujourd’hui d’améliorer considérablement le taux de survie, le recours à une mastectomie, une ablation du sein touché par la tumeur, est en revanche souvent nécessaire. Heureusement, différentes techniques de reconstruction mammaire peuvent aujourd’hui être proposées aux femmes pour leur permettre de se reconstruire non seulement physiquement mais aussi psychologiquement.
Qu’est-ce que la mastectomie ?
La mastectomie est une intervention chirurgicale qui consiste à retirer partiellement ou totalement un sein ou parfois les deux. Selon l’étendue de la tumeur, différents types de mastectomie peuvent être pratiqués :
- La mastectomie partielle : seule la tumeur et une marge de tissu sain environnant sont retirées. Le sein peut alors être conservé.
- La mastectomie totale : la totalité du sein est retirée (glande mammaire, mamelon, aréole, etc.). Elle se pratique lorsque la tumeur est trop volumineuse, mal placée, s’il y a plusieurs tumeurs espacées ou si le sein souffre d’inflammation.
- La mastectomie préventive (ou prophylactique) : elle est réalisée chez les femmes présentant un risque génétique élevé de développer un cancer du sein.
Au-delà de l’aspect physique, cette intervention invasive peut profondément affecter l’image corporelle et affecter la féminité, la sexualité et la confiance en soi des femmes. Si certaines n’éprouvent pas le besoin d’avoir recours à la chirurgie réparatrice, la grande majorité d’entre elles souhaitent bénéficier d’une reconstruction. C’est pourquoi la reconstruction mammaire joue un rôle crucial dans le processus de guérison psychologique. Elle aide en effet les patientes à retrouver une image positive de leur corps et à faciliter leur convalescence.
La reconstruction mammaire peut être réalisée en même temps que la mastectomie, on parle alors de « reconstruction immédiate » ou de façon différée dite « secondaire », plusieurs mois voire années après la mastectomie. Il est alors essentiel que les patientes soient pleinement informées de toutes les options disponibles, idéalement avant même la mastectomie, afin de pouvoir prendre une décision éclairée.
Les 3 principales techniques de reconstruction mammaire possibles
Les techniques actuelles se divisent principalement en trois catégories : les reconstructions par prothèse, les reconstructions par tissus autologues (propres à la patiente) et le lipomodelage.
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La reconstruction par prothèse
Les implants mammaires ont considérablement évolué ces dernières années. Les prothèses actuelles offrent un aspect et une texture plus naturels. Elles doivent cependant être renouvelées tous les 10 à 15 ans. On distingue :
- Les implants en silicone : ils conservent leur forme même en cas de rupture et offrent un toucher plus naturel.
- Les implants anatomiques : ils sont conçus pour reproduire la forme naturelle du sein, avec une projection plus importante dans la partie inférieure.
- Les implants à la surface texturée ou micro-texturée : ils sont développés pour réduire les risques de contracture capsulaire et de déplacement.
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La reconstruction par tissus autologues
Cette technique consiste à utiliser les propres tissus de la patiente pour reconstruire le sein. Elle offre des résultats plus durables. Ces tissus peuvent être prélevés sur :
- Le ventre: lambeau libre abdominal de DIEP (Deep Inferior Epigastric Perforator), ou de SIEA (Superficial Inferior Epigastric Artery) ;
- Les cuisses: lambeau de Gracilis, de PAP (profunda artery perforator), de fascia lata (ou aponévrose fémorale) ;
- Le dos: lambeau de grand dorsal.
Les vaisseaux sanguins sont reconnectés par microchirurgie pour assurer la vascularisation du tissu transféré. La zone de prélèvement dépend de la morphologie de chaque femme.
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Le lipofilling ou lipomodelage
La reconstruction mammaire se fait en injectant de la graisse provenant de certains endroits du corps des suites d’une liposuccion. Elle se réalise par aspiration dans le tissu adipeux des zones anatomiques de la partie inférieure du corps les plus riches en cellules adipeuses pour chaque femme (abdomen, cuisses, genoux ou région trochantérienne). La graisse collectée est ensuite traitée in vitro avec centrifugation, séparation et sélection cellulaire, et enfin réinjection à la seringue dans le sein sous anesthésie générale.
De nouvelles approches à partir de biomatériaux résorbables voient le jour
Une start-up lilloise a développé des implants innovants pour la régénération des tissus mous grâce à l’utilisation de biomatériaux résorbables mis en forme par impression 3D. Ces prothèses sont réalisées dans un biopolymère composé essentiellement d’acide lactique, ayant la capacité de se résorber naturellement une fois dans le corps, en dix-huit mois en moyenne. Ces implants sont en effet pensés pour permettre la régénération du tissu adipeux. Les patientes bénéficiant de ce procédé peuvent alors retrouver progressivement un volume mammaire avec leurs propres tissus sans présence de corps étranger. Une étude clinique évaluant l’efficacité et la sécurité de la chambre d’ingénierie tissulaire a été lancée avec 50 patientes dans huit centres de recherche.
Une autre start-up implantée à La Rochelle en Charente-Maritime vient d’être distinguée lors de l’édition 2024 du French Tech Day pour son approche innovante et durable. Également spécialisée dans la conception de dispositifs médicaux résorbables destinés aux chirurgies digestives et mammaires, l’entreprise mise sur des matériaux biodégradables tels que le P4HB. Ce biopolymère naturel permet de remplacer le silicone conventionnel, s’inscrivant ainsi dans une démarche de médecine durable. Leur innovation pourrait offrir aux femmes victimes d’un cancer du sein une alternative aux prothèses en silicone avec des implants de reconstruction mammaire à base de peau de cochon et de matière organique. Ce prototype est en attente d’ici 2026-2027, de certification européenne MDR (règlement européen relatif aux dispositifs médicaux) pour être commercialisé.
Vers une reconstruction plus personnalisée et humaine
Les avancées dans le domaine de la reconstruction mammaire offrent aujourd’hui aux femmes ayant subi une mastectomie un éventail de choix de plus en plus large. Les progrès constants dans ce domaine témoignent de l’importance accordée non seulement à la guérison du cancer, mais également à la qualité de vie des patientes par la suite. La reconstruction constitue une étape essentielle dans le processus global de guérison et de retour à une vie épanouie.
Ces nouvelles techniques permettent ainsi d’envisager des reconstructions plus personnalisées, adaptées à la morphologie, aux souhaits et au mode de vie de chaque patiente. Au-delà de la reconstruction physique, ces innovations contribuent significativement à la reconstruction psychologique, en aidant les femmes à retrouver leur intégrité corporelle et leur confiance en elles.
Sources :
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- https://www.vidal.fr/maladies/cancers/cancer-sein/chirurgie.html
- https://curie.fr/la-reconstruction-mammaire-apres-un-cancer-du-sein
- https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2023-03/document-17-schemas-techniques-infographie.pdf
- https://www.ligue-cancer.net/questce-que-le-cancer/les-types-de-cancer/cancer-du-sein
- https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/jeunes-pousses-cette-innovation-pourrait-revolutionner-reconstruction-mammaire-113917/
- https://bigmedia.bpifrance.fr/portraits/lattice-medical-met-la-3d-au-service-de-la-reconstruction-mammaire
- https://www.ramsayservices.fr/soins-et-techniques/cancer-du-sein-les-innovations-medicales-les-plus-prometteuses-du-moment
- https://innovations.fr/apha-biomat-linnovation-medicale-primee-au-french-tech-day-2024/
- https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-01/rapport__reconstruction_mammaire.pdf
- https://www.fhpmco.fr/campagnes/campagne-octobre-rose/fil-rose-03-octobre-2024/