Les mots et les chiffres n’impriment pas. Les dépenses publiques sont qualifiées de « hors de contrôle » par la Cour des comptes qui anticipe un déficit de la Sécurité sociale autour de 22 milliards d’euros en 2025, la situation des hôpitaux publics se dégrade fortement ainsi que celle des cliniques et hôpitaux privés, comme le souligne la DREES… et pourtant aucune feuille de route de crise n’est annoncée.
Sans dessein sanitaire national, des actions parcellaires sont néanmoins menées. La promotion d’hôtels hospitaliers dédiés aux maternités est-elle l’avant-propos d’une concentration des plateaux techniques en obstétrique ? Quels objectifs macro, les économies attendues des transports sanitaires ou les 300 millions ciblés sur l’imagerie par exemple, sont poursuivis ? Une évolution silencieuse est en marche, sans que nul n’en décrypte les orientations.
La Cour avance des recommandations. La mesure 4 propose des actions de redressement en cours d’année en cas de non-respect de l’Ondam. Seront-elles compatibles avec le principe de pluriannualité indispensable aux managers des établissements de santé ? Les sages appellent également au partage des efforts entre les acteurs du système de santé (mesure n°5), comment ? La promotion de la prévention en santé emporte l’adhésion de tous mais à la condition d’en repenser totalement notre manière d’en parler, à l’instar des opérations pédagogiques de dépistage menées par les cliniques ou les centres de dialyse à l’occasion de campagnes nationales. Faire du dépistage un réflexe de santé publique ne se décrète pas mais s’invente avec les acteurs. De même, les mesures 13, 15 et 31 seront à suivre plus particulièrement.
Ce flottement politique est inacceptable. Pour le moins, une loi de programmation pluriannuelle assortie de mesures opérationnelles auxquelles les acteurs auront adhéré, permettrait de fixer et d’assumer un cap. Son efficience dépendra néanmoins du détail de chaque mesure, de leur opérationnalité dans le temps et dans l’espace, et de contreparties pour garantir la soutenabilité d’un système de santé accessible à tous.