Nous travaillons au quotidien avec les professionnels libéraux dans nos établissements. Le « travailler ensemble », qui était le fil rouge des échanges de la matinée de la Journée des métiers, prend une dimension toute particulière au regard de cette spécificité statutaire à laquelle nous tenons vivement. C’est bien le caractère libéral des praticiens qui nous maintient dans une dynamique d’activité au service de la population, y compris pour assurer la mission de la nécessaire permanence des soins. Mais force est de constater que les dispositifs en place ne sont pas toujours facilitants pour ce « travailler ensemble ».
Le process de certification de la HAS tout d’abord nous lie au corps médical. Personne ne peut porter seul la qualité. Nous sommes en phase avec les praticiens qui indiquent qu’en termes de qualité, il n’y a pas de place pour la division. Si les objectifs des praticiens et de l’établissement sont en effet parfaitement alignés – améliorer la qualité des soins dispensés -, les méthodes diffèrent : la certification obligatoire pour les structures, l’accréditation volontaire pour les médecins. La convergence entre les deux référentiels, sans être acquise, montre enfin quelques points d’ancrage. Surtout, l’objectif de la simplification doit s’imposer dans les années à venir afin de lever tout frein à l’engagement des praticiens, même si nos services qualité peuvent venir en appui. La complexité tue l’attractivité, sans simplification significative, ne prend-on pas le risque de voir le système se dégrader ? Une acculturation commune à la qualité est indispensable depuis les bancs de la faculté et au quotidien dans nos structures.
Sur le plan assurantiel, deux philosophies émergent : établissements et praticiens s’assurent indépendamment, ou ensemble. Les adeptes d’une approche indépendante revendiquent la responsabilité de leur propre risque. Un bémol pour certains comme les infections nosocomiales par exemple, qui sont exclusivement imputées aux seuls établissements. Les seconds avancent la recherche d’un consensus de nature à limiter les démarches juridiques chronophages et coûteuses, avec l’espoir qu’aucune des parties ne soit lésée… Quelle que soit l’option choisie, c’est en amont, ensemble, que nous devons travailler à la réduction des risques. C’est ensemble, avec les sociétés savantes, que nous devons aussi échanger afin d’éviter que des recommandations, comme celles en anesthésie pédiatrique, ne soient interprétées comme des obligations par les assureurs. Une certitude, si « ensemble » n’est pas l’option retenue, le travail en commun est requis notamment pour sortir des actions juridiques.
Concernant le financement, les dispositifs en silo, les nomenclatures en mouvement et parfois inadéquates, ne favorisent pas un travail ensemble ou ne sont pas transposables : comment s’assure-t-on d’une convergence des modèles de financement des établissements de santé et des praticiens libéraux ? Tant de travaux seraient à mener ensemble, à commencer par des études d’impacts sur l’exercice des organisations et des praticiens avant tout arbitrage ou sur le sujet des maternités où les problèmes de financement concernent autant les établissements que les médecins libéraux. Évoluerons-nous vers un financement au service rendu, à la pertinence de l’activité tout en veillant à garantir le financement des moyens exigés dans les conditions techniques de fonctionnement ? Ce qui nous lie profondément aux praticiens libéraux est bien la recherche de la pertinence et de la performance.