Covid-19, Parole des présidents – FHP région | Un an après – Édition spéciale

FHP Île-de-France – Patrick Serrière

L’AP-HP nous a récemment remerciés

Il y a un an, le secteur privé en Île-de-France réagissait immédiatement pour prendre en charge 25 % des patients Covid, prouvant que établissements privés et médecins libéraux, nous sommes à la fois responsables et incontournables. Nous avons su nous adapter en permanence en dépit de recommandations assorties de « stop and go » fréquents. Nous avons su collectivement trouver la force et l’énergie de tripler nos capacités de soins critiques en quelques jours, malgré les pénuries liées au personnel et au matériel, et ainsi assumer notre mission aux côtés de nos collègues du public. Un an après, nous démontrons à nouveau notre capacité à prendre en charge 25 % des patients Covid en soins critiques tout en assurant les interventions nécessaires permettant d’éviter toute perte de chance aux patients. Il est important de noter que l’AP-HP nous a récemment remerciés parce que nous avons pris notre part et même davantage dans ce combat contre la pandémie. Si j’ai un vœu pour le futur, c’est celui de la fin des procès d’intentions entre secteurs et l’avènement d’un traitement dont l’équité sera le critère prioritaire. 

FHP Bretagne – Nicolas Bioulou

10 % des Bretons vaccinés

En Bretagne, très vite, le constat était dressé : des lits de réanimation en nombre insuffisant – la Bretagne est la lanterne rouge française avec 4,8 lits pour 100 000 habitants -, des retards de prise en charge, une pénurie chronique de matériels et d’équipements de protection, une gestion administrative inadaptée et hospitalo-dépendante, un blocage entre le public et le privé. 1 an après, les soignants sont toujours engagés et solidaires mais épuisés, la coopération entre les acteurs est encourageante, la pérennisation des 4 autorisations dérogatoires de réanimation se laisse désirer, et enfin, la campagne de vaccination a bien démarré avec 10 % des Bretons vaccinés !

Dr Jean-Marc Catesson – Président de la FHP Haut-de-France

Ce n’est pas la première peste qui frappe l’humanité

Cette crise sanitaire nous a frappés comme une bombe sans prévenir. Elle a frappé sans distinction les femmes et les hommes de tous les pays, même si la précarité est apparue d’emblée comme un facteur aggravant. Les systèmes ont été très vite noyés. Le monde politique et les baby-boomers qui nous gouvernent n’avaient rien vu venir, ni pris aucune précaution, plus soucieux comme toujours de leur survie politique que du service de l’État. Cette catastrophe nous fera payer un lourd tribut mais ce n’est pas la première peste qui frappe l’humanité.

Tel « Janus » chaque catastrophe nous apporte aussi de formidables bouffées de progrès.

L’ARN messager en est un, permettant en quelques mois de fabriquer un vaccin qui nous laisse espérer de futures victoires médicales. La solidarité qui suit les catastrophes s’est largement exprimée et c’est une lueur d’espoir dans un monde de plus en plus déshumanisé. Le secteur de la santé enfin a vu dans nos régions se rapprocher les meilleurs ennemis que sont le monde public et le monde privé. Nous nous sommes téléphonés souvent, entraidés, avons appris les uns des autres et ainsi, nous avons appris à mieux nous comprendre.

Enfin, le monde a découvert des soignants admirables, puisant toujours plus loin au fond d’eux-mêmes l’énergie nécessaire pour aider celui qui souffre. À ce titre la médecine en sortira grandie. Quel dommage cependant qu’il ait fallu attendre cette épreuve.

FHP Occitanie – Pascal Delubac

Chacun a su accepter ce qui est lourd à supporter

Face à l’impensable, je tiens à souligner la résilience organisationnelle dont nous avons su faire preuve, et qui nous caractérise aujourd’hui. Partout, chacun à son niveau a su accepter ce qui est lourd à supporter et imaginer des solutions pour pouvoir continuer à prendre soin de la population, avec une implication sans faille des professionnels de santé sur le terrain.

La Covid a aussi montré notre formidable capacité d’adaptation, confirmant notre légitimité. Un dialogue plus constructif s’est instauré avec l’État, même si nous sommes encore loin d’obtenir l’équité des financements et que celui-ci rejette nos demandes de suspendre les réformes sans tenir compte des enseignements de cette crise.

Enfin, je me félicite du repositionnement de la santé dans la politique nationale (soins, prévention, réindustrialisation, …) non plus en termes de dépenses publiques mais d’enjeux de santé publique !

FHP PACA – Jean-Louis Maurizi

Majeur, indispensable et exemplaire…

Depuis un an, l’engagement des établissements de santé privés a été et reste majeur, indispensable et exemplaire. À partir de la 2e vague, leur positionnement dans la stratégie régionale menée par l’ARS PACA a évolué en cohérence avec la réalité de terrain de la 3e ligne à la 1re ligne ou la 2e, en fonction de leurs autorisations et non plus en fonction de leur statut juridique.

De nouveaux principes d’organisation ont été construits, susceptibles d’évolution : maintenir aussi longtemps que possible les activités hospitalières, ne pas saturer un service de réanimation ou un service de médecine en particulier, et compter bien entendu sur l’HAD et les établissements de SSR.

Début janvier, je note toutefois qu’il a fallu réagir énergiquement pour que nos professionnels puissent se faire vacciner sur leur lieu d’exercice, et que nous ouvrions des centres de vaccination pour tous.

FHP Normandie – Dr Dominique Poels

Secteurs public et privé ne font plus qu’un

Mars 2020, coup de tonnerre ! Jamais ceux nés après 1935 n’avaient vécu une telle restriction des libertés. Mai 1968 paraît bien loin….

Le grand mérite de cette crise a été de faire comprendre à nos établissements et au public le véritable sens de notre mission : la santé publique. Nous avions perdu de vue qu’en cas de catastrophe sanitaire (guerre, catastrophe ou pandémie), nous étions en première ligne et que nos concitoyens comptaient sur nous.

J’observe l’échec de la médecine fondamentale : l’armada des épidémiologistes, infectiologues, virologues, etc. sont incapables de donner des tendances sur l’évolution de cette pandémie. À l’inverse, la médecine curative a montré son efficacité et son adaptabilité. La mortalité de la deuxième et troisième vague a nettement diminué.

Concernant notre secteur, il y aura un avant et un après dans l’esprit de nos compatriotes : secteurs public et privé ne font plus qu’un.

FHP Nouvelle-Aquitaine – Marie-France Gaucher

Prêter main forte

La Nouvelle-Aquitaine a connu moins de malades mais nos établissements ont accueilli des patients d’ailleurs ou ont prêté main forte à d’autres régions. Des infirmières et anesthésistes de Pau ont rejoint Mulhouse avec le bus de l’équipe de football des Girondins ! Un véritable élan de solidarité s’est fait sentir. Nous avons vécu un réel rapprochement entre les praticiens et les directions et aussi entre les secteurs public et privé. Toutefois, nous avons déploré la décision unilatérale de l’ARS d’aider financièrement les seuls établissements publics de première ligne, alors que certaines cliniques ont reçu jusqu’à 30 % de patients Covid.

FHP Océan Indien – Docteur Mathias Deleflie

Merci au pays pour son soutien aux soignants

La Covid-19 a permis un renforcement du rapprochement des acteurs publics et privés sur notre petit caillou, comme en métropole. Elle a mis à rude épreuve notre système de santé solide mais pas toujours adapté. Mention spéciale à nos têtes pensantes pour leur inventivité dans la complexification des choses… et un grand merci au pays pour son soutien aux soignants !

FHP AURA – Frédérique Gama

Pour une déprogrammation équitable

Un an après, nous sommes repartis pour une 3e déprogrammation qui doit être équitable entre nous. Ces arrêts et/ou déprogrammations partiels génèrent des tensions au sein des équipes et vis-à-vis des autres établissements publics ou privés. Vivement la fin de la vaccination que l’on retrouve tous une activité normale !

FHP Corse – Dr Jean Canarelli

Réactivité, coopération et résilience

« Ça n’arrivera pas », « Ça ne va pas durer », « Nous n’en voyons plus la fin » : ces phrases accompagnent une situation inconcevable au mois de janvier de l’an dernier. Comment imaginer alors des services vides avec des patients en besoin de prises en charge ? Comment imaginer la rapidité de la mise en œuvre d’une collaboration publique/privée aussi efficace en quelques jours ? La réactivité, la coopération et la résilience sont les maîtres mots pour décrire ce que nos équipes, l’ensemble du système de santé et plus largement la population ont traversé. Espérons qu’aujourd’hui la vaccination soit la lumière au bout de ce tunnel épidémique.

FHP Bourgogne Franche Comté – Philippe Carbonel

S’adapter à des doctrines successives

Tous les professionnels de nos établissements se sont adaptés, mobilisés pour faire face aux différentes vagues de l’épidémie, toujours au service des patients. Une vraie solidarité s’est instaurée avec les établissements publics du territoire afin de gérer au mieux nos capacités parfois dérogatoires et la prise en charge des patients.

Les blocs déportés ont permis aux chirurgiens des établissements publics de constater la forte réactivité de nos établissements.

Néanmoins le début de cette crise a été marqué par la cacophonie des différentes directives émanant des tutelles (masques, déprogrammation, produits anesthésiants) nous demandant sans cesse de modifier nos procédures face aux changements constants de directives. Encore une fois notre résilience professionnelle nous a permis de nous adapter à ces doctrines successives.

Nous espérons maintenant que le plus grand nombre de personnes puisse enfin se faire vacciner afin de retrouver une certaine sérénité…et pourquoi pas la vie d’avant !

FHP Val de Loire Océan – Alain Foltzer

Territoire, territoire…Laissez-nous la main

Après l’incompréhension de la déprogrammation totale dans une région encore peu impactée en mars dernier par la pandémie, les professionnels de santé de nos établissements se sont rapidement mis en ordre de marche pour soigner les patients atteints de cette maladie encore peu connue, avec toutes les difficultés logistiques qui émergeaient au fur et à mesure : pénurie de masques, EPI, médicaments… Réactivité, agilité, solidarité, voilà les atouts de nos professionnels.

Cette pandémie a permis d’accélérer les rencontres des acteurs de tous les secteurs sur chaque territoire pour organiser des filières de prise en charge des patients. Elle a permis de révéler le rôle indéniable des cliniques et hôpitaux privés au service de leurs concitoyens.

FHP Guadeloupe – Dr Jean-Claude Pitat

Des établissements privés actifs en soins d’aval

J’observe une relative bonne discipline de la population quant aux recommandations générales. Les établissements privés, très peu sollicités car les lits de réanimation et de médecine du CHU et du CHBT étaient en nombre suffisant, ont été essentiellement actifs en aval, SSR et HAD. Aujourd’hui, la solution la plus adaptée reste la vaccination qui, aussi en Guadeloupe, accuse un retard par manque de doses. Notons que la rapidité avec laquelle des vaccins ont été développés prouve qu’il est possible de raccourcir le bien trop long parcours du combattant pour l’obtention d’une AMM.

FHP Grand Est – Patrick Wisniewski

Quand cela va-t-il s’arrêter ?

Nous sommes toujours dans la même incertitude et cela pèse sur l’ensemble des personnels qui se demandent quand cela va enfin s’arrêter. J’avais déclaré il y a un an dans une publication de la FHP-MCO que le plus dur n’est pas de démarrer mais de durer et j’imaginais alors qu’il nous faudrait tenir jusqu’en septembre… Notre problématique est aujourd’hui de gérer la cacophonie de la vaccination.

Il y a un an, mon bureau était recouvert à moitié par les dons d’entreprises, une formidable solidarité. J’ai un grand sourire d’y repenser !