FIL VERT DU 15 AVRIL 2016

 

 Fait maison et bio

Centre Cardio-Thoracique de Monaco (98)

Depuis trois ans, au Centre cardio-thoracique de Monaco, 20 % des produits pour la restauration sont labellisés bio. « Des fruits, des légumes, des féculents et même certaines viandes sont bio. De plus, nous nous approvisionnons localement ou sur un périmètre le plus restreint possible. La viande vient du centre de la France, les yaourts des Alpes, d’autres produits de la proche Italie mais la plupart de nos produits sont d’origine française », explique Marc Guglielmi, chef cuisinier. Les cinq cuisiniers du centre ont tous suivi une formation traditionnelle de cuisinier, un savoir-faire qu’ils mettent en pratique aujourd’hui en restauration collective. « Le terme de cuisine collective ne doit pas être perçu de manière péjorative. Nous cuisinons 350 repas par jour, mais pour nous, la qualité est primordiale et nous apportons beaucoup de fantaisie dans la transformation des aliments et dans la composition des menus. »Avec vue sur mer, les repas ont un goût de vacances !

Une HAD verte

Clinique Pasteur, Toulouse (31)

A l’occasion du renouvellement de la labellisation ISO 14001 et de l’enregistrement EMAS de la clinique début avril, l’intégration du service HAD dans le périmètre des deux démarches s’est imposée.  « Le plus gros travail a été de référencer et d’analyser l’impact environnemental de notre HAD et de dresser une liste d’actions », précise Thibaut Aversenq, Ingénieur médico-technique et coordinateur du projet. Par exemple, sept véhicules hybrides ont été achetés, qui représentent 40 % de la flotte de véhicules.  « Il n’existe pas toujours sur le marché des véhicules adaptés. Nos personnels soignants ont besoin d’un véhicule deux portes, transformable pour le transport de matériel. » Les membres de l’équipe sont formés à l’éco-conduite et espèrent disposer d’une flotte tout électrique à échéance de l’actuel contrat de leasing.

Par ailleurs, des tablettes développées avec une start-up toulousaine permettent d’accéder aux données patient et de les actualiser depuis leur domicile, optimisant ainsi considérablement le temps du personnel soignant et économisant au passage une bonne trentaine de feuilles de papier par dossier. Un gros chantier pour l’équipe demeure le tri des déchets d’activité de soins au domicile des patients. Toutefois, une plaquette explicative facilite la tâche des soignants libéraux et la clinique se charge d’enlever les déchets. « Ce volet d’éducation au tri des déchets reste le plus difficile à mettre en œuvre car nous travaillons avec des externes qui n’ont pas tous les bons réflexes mais auxquels nous allons proposer des formations. Enfin, nous souhaitons sensibiliser nos patients au tri sélectif. »

Réguler les rejets en eau en fonction des séances

Clinique Néphrologique Saint-Exupéry, Toulouse (31)

 La Clinique Néphrologique Saint-Exupéry a fait de la gestion de l’eau et la préservation des ressources, un axe stratégique inscrit dans son projet d’établissement 2015-2018. Comment ajuster la production d’eau pour hémodialyse en fonction des besoins réels ? La réflexion a émergé au regard de l’activité de dialyse qui ne repose pas seulement sur des séances programmées, l’établissement assurant par ailleurs la prise en charge des urgences néphrologiques avec la réalisation de près de 200 séances d’hémodialyse aiguës par an, souvent en dehors des heures d’ouverture des services d‘hémodialyse. Or, à ce jour, la production d’eau est programmée pour alimenter la totalité des postes de dialyse, et ce, quel que soit le nombre de générateurs en fonctionnement réel. La surproduction d’eau générée en dehors des séances programmées, entraîne le rejet d‘une importante quantité d’eau à l’égout qui pourrait être évité. « Nous allons mettre en œuvre une solution simple qui consiste à poser une vanne permettant de réguler, suivant son degré d’ouverture, le débit de rejet en fonction de la consommation réelle » , précise Delphine Bonnet, chargée de projets qualité et gestion des risques – référent développement durable. Ce système automatisé, sans cuve de stockage interne ou externe, permettrait ainsi de conserver l’intégrité microbiologique du dispositif tout en réduisant considérablement les coûts d’exploitation. « L’installation récente de nouvelles unités de traitement d’eau avec désinfection thermique globale est pour nous l’opportunité de développer une solution de régulation du taux de rejet en fonction du nombre de séances », conclut Marc Bonaventure, cadre technique et biomédical. Du bon sens avant tout !

Préservez la qualité de l’air intérieur

« L’appareil qui mesure le confinement via le taux de CO2 s’est mis à biper : nous étions au double du seuil recommandé dans la salle où 40 personnes étaient venues assister au colloque que nous organisions sur la qualité de l’air intérieur en ERP. Ils ont immédiatement compris les enjeux de la journée ! » explique Sylvie Joviado, directrice du C2DS. « Nous avons ouvert les portes pour revenir à un taux de confinement correct permettant à l’auditoire de rester concentré durant cette journée. »

Chacun d’entre nous respire par jour en moyenne 15 000 litres d’air dont la qualité contribue à notre bonne santé. Si la conscience d’une pollution extérieure est partagée, celle d’une pollution intérieure est plus récente. Ces composés organiques volatils (COV) intérieurs proviennent de différentes sources : matériaux de construction et de décoration, produits d’entretien, produits de soins, moisissures, issus pour la plupart de l’activité humaine elle-même. Certains locaux sont particulièrement exposés aux COV notamment ceux équipés d’un système d’air contrôlé : blocs opératoires, locaux de stérilisation, d’endoscopie, salles blanches pharmaceutiques, etc.
De récentes études (Revue Environnemental Health Perspectives, étude européenne Sinphonie) montrent les bienfaits d’une qualité de l’air intérieur sur la concentration et le bien-être et soulignent à l’inverse les méfaits d’une mauvaise QAI qui favorisent l’émergence de symptômes tels que maux de tête, fatigue, irritation des yeux, de la gorge, des vertiges ou encore des manifestations allergiques. L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur et l’ANSES évaluent à 19 milliards d’euros par an le coût en termes de santé publique.

28% des établissements MCO mesurent la qualité de l’air intérieur

Selon l’Observatoire IDD santé durable du C2DS, 28 % des établissements MCO ont réalisé en 2014 une analyse de la qualité de l’air intérieur. 71 % d’entre eux ont identifié les zones à risques et les ont cartographiées et 57 % ont mis en place un plan d’action. A noter que seuls 14 % des établissements, toutes spécialités confondues, s’étaient livrés à des mesures en 2012.

« Pour améliorer, il faut mesurer ! C’est une évidence qu’il faut sans cesse rappeler. Nous constatons sur le terrain une prise de conscience réelle mais encore insuffisante, c’est pourquoi, nous avons retravaillé et relancé la campagne des 10 éco-gestes pour améliorer la qualité de l’air intérieur. Elle est dorénavant complétée d’un livret technique illustré de pratiques vertueuses. Maintenir une QAI requiert une vigilance permanente de tous les corps de métier. Si chacun à son niveau y contribue, la qualité s’améliore, à contrario, elle se dégrade ».

Une vigilance hors les murs

« A la Polyclinique de Navarre, deux sages-femmes sont en cours de formation pour ensuite mettre en place et animer des ateliers pédagogiques à destination des parents. C’est aussi notre rôle de les sensibiliser aux risques liés à la présence de certaines substances présentes dans leur environnement intérieur », précise Émilie Odorico, responsable qualité et gestion des risques de la Polyclinique de Navarre à Pau. Des prestataires s’engagent aussi. Bruno Pourré, PDG du groupe ambulancier A2L-DTSU s’intéresse à la QAI de ses VSL et ambulances. Outre la mise en œuvre d’éco-gestes, il a fait l’acquisition d’un appareil de mesure des COV.

Que dit la réglementation ?

Le décret n°2011-1728 du 2 décembre 2011 du ministère de l’Écologie relatif à la surveillance de la qualité de l’air intérieur impose aux bâtiments recevant du public la mesure de l’analyse (deux fois par an dans trois ou quatre pièces de l’établissement) de deux composés organiques volatils : le formaldéhyde et le benzène (composés cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques, dits CMR) ainsi que la mesure du CO2. La finesse d‘une telle analyse requiert l’expertise de laboratoires certifiés qui sont en nombre très restreint en France et dont les services représentent un coût élevé.

Ce décret devait entrer en vigueur initialement en janvier 2015, dans le cadre du troisième Plan national santé environnement, mais doit faire l’objet de plusieurs aménagements. Le gouvernement a décidé le report de son application au 1er janvier 2018 pour les établissements accueillant des enfants et au 1er janvier 2023 pour les autres.

Vers une hyper sensibilité chimique…

Le Dr Malfay-Régnier est ophtalmologue et souffre de crises d’asthme et de malaises en présence de produits parfumés. Elle témoignait le 5 avril au colloque du C2DS. « J’ai développé une hyper sensibilité aux produits chimiques que j’ai mis beaucoup de temps à diagnostiquer. Par exemple, hospitalisée pour une petite intervention chirurgicale, j’ai eu une importante crise d’asthme au bout de quelques minutes dans un environnement confiné. Je ne pouvais pas rester dans un lit et j’ai dû patienter avant et après mon opération dans un couloir aéré. Il y a beaucoup de parfums dans les établissements, ceux des salariés ou accompagnants mais surtout ceux des produits de nettoyage. »

Enfin, le C2DS va créer un groupe de travail à la rentrée sur le bionettoyage et les alternatives aux produits chimiques. Inscrivez-vous : contact@c2ds.eu