3 questions au Dr Philippe Cuq, président du syndicat Le Bloc

Quel est votre sentiment sur la Stratégie nationale de santé ?

Sur la forme, nous sommes fortement agacés par son manque de clarté. Le mode de communication  du ministère de la Santé est assez particulier : conférences de presse, communication par diaporama, etc. Nous avons accès à des bribes de textes… Il est difficile d’évaluer les risques réels quand il n’y a pas encore de texte, c’est une stratégie connue. Sur le fond, certains points paraissent inacceptables et dangereux pour l’offre de soin. Par exemple, l’exclusion des établissements privés des missions de service public. Le secteur privé participe aujourd’hui pleinement au service public de santé, avec des établissements qui accueillent aux urgences 24h sur 24 tout type de patients dans le cadre de la permanence des soins.

Quelles contradictions la Stratégie nationale de santé soulève-t-elle ?

Nous ne comprenons pas du tout la position du gouvernement qui interdirait la prise en charge des urgences si les établissements privés travaillent avec des praticiens de secteur II. Aujourd’hui, près de 80 % des chirurgiens libéraux exercent en secteur II. La possibilité de facturer des compléments d’honoraires est nécessaire à la pratique de notre activité. Pénaliser les établissements privés qui travaillent avec des praticiens de secteur II a d’autant moins de sens que l’hôpital public a lui aussi un secteur privé… La loi ne remet pas pour autant en question son appartenance au service public. Ce qui est présenté est extrêmement dangereux pour l’offre de soin dans les années à venir.

Quelle est la stratégie du Bloc face à cette situation ?

Pour l’instant, nous sommes dans l’analyse et l’information. Nous avertissons nos confrères sur les risques de cette loi, nous menons une réflexion avec l’ensemble des professionnels libéraux, la FHP et son nouveau président pour être prêts à réagir dès la parution des textes. Nous ferons aussi de l’information en direction des patients, car ce seront les premiers concernés, et les premiers pénalisés. Il faut que les Français comprennent ce qui va se passer. L’articulation de la loi et du PLFSS reste encore à préciser. Si les annonces se confirment, une vaste mobilisation du monde libéral sera inéluctable.