Un rapport de force

L’écho médiatique de nos revendications et la formation historique d’un front uni avec les médecins ont amené Marisol Touraine à une ouverture de façade dans la presse mais à l’expression d’une fin de non recevoir sans équivoque, lors de notre rendez-vous avec elle avant-hier mardi. Les multiples mécontentements que suscite sa loi la fragilisent politiquement. Elle manifeste en retour une fermeté en acier trempé… de dogmatisme qui renforce notre résistance en acier inoxydable… alliage de légitimité, de quête d’équité et d’apport de solutions économiques pour notre pays. Le Cabinet de la ministre a pris la mesure pour la première fois du caractère non négociable de nos revendications sur la loi de santé et de notre détermination à mener à bien un arrêt d’activité à partir du 5 janvier. Il faut se dire les mots : la délégation FHP et moi-même étions convaincus à la sortie de notre entrevue que la confiance, concernant le compromis de crise pourtant acté au printemps dernier, était rompue et qu’elle pourrait l’être tout autant demain. L’heure est grave car ce projet de loi est mortifère pour notre secteur. Personne n’entrera en grève de gaité de cœur mais, tous, nous y entrerons en position de légitime défense car le pire est à venir et nous ne le laisserons pas arriver.

Lamine Gharbi
Président du syndicat national FHP-MCO

 
Retour en images sur la réunion biannuelle du Club des Médecins DIM avec, pour rappel, au programme :
– Point d’actualité sur les contrôles T2A en présence du Dr Valérie-Jeanne BARDOU –  Médecin Conseil – CNAMTS,
– Contrôle CBUM : Rôle du médecin DIM, du pharmacien, de la direction, en présence du Dr Isabelle AMINOT – Médecin DIM – CLINIQUE AMBROISE PARE,
– Gestion du risque – Pertinence : « Démarche de pertinence des actes et des séjours » en présence des Dr Dominique RUCHARD et Michel MARTY, département de l’hospitalisation – CNAMTS et du Docteur Marie-Hélène RODDE DUNET – Chef du Service évaluation et amélioration des pratiques direction de l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins, HAS.
Et, bien sûr… un point d’actualité sur les campagnes tarifaires 2014 et 2015.

Eric Noël, conseiller technique FHP-SSR et vue de salle

Le CNPCMEHP mobilise ses troupes
Il n’y a ni médecins libéraux de médecine générale, ni médecins spécialistes, ni médecins exerçant sur plateaux techniques ou en établissements. Il y a des médecins qui verront leur liberté d’installation entravée par les ARS ; qui devront faire la gestion du tiers payant comme y ont été obligés, à leurs frais, les pharmaciens ; à qui l’on demande d’organiser la gestion des risques associés aux soins bénévolement et en même temps d’abandonner le secteur 2, mais aussi le contrat d’accès aux soins au travers du secteur public hospitalier (alors que le secteur privé à l’hôpital est conservé). Nous devons faire front contre ce projet de loi, c’est-à-dire concourir avec l’ensemble des médecins de territoire à lutter contre le dispositif mortifère pour l’activité libérale.

Grève des urgentistes : la FHF monte au créneau
Les hôpitaux veulent que les autorisations d’activités d’urgence soient retirées aux cliniques grévistes et que les fermetures de services d’obstétriques soient soumises à conditions. Gérard Vincent, délégué général de la FHF, vient d’écrire au cabinet de la ministre : « pareil mot d’ordre n’est pas compatible avec les engagements liés aux missions de service public », estime-t-il.

31 millions d’euros attendus, car dus !
La Ministre Marisol TOURAINE a annoncé ce jour le dégel du coefficient prudentiel pour le secteur MCO (public et privé) avant le 31 décembre 2014. Ce dégel intervient dans un cadre de sous-exécution du secteur privé MCO, évaluée à 106 millions d’euros. Ce dégel permet donc de récupérer 31 millions d’euros. Nous sommes dans l’attente de l’arrêté fixant pour l’année 2014 le montant, et sa répartition régionale, des crédits dégelés au titre du coefficient prudentiel. Dans un délai de quinze jours suivant la publication de l’arrêté, le directeur général de l’Agence régionale de santé devra arrêter, pour chaque établissement, le montant du forfait alloué. Ce forfait sera versé par la CPAM en une seule fois, « entre le 15 et le 30 du mois de la notification dudit arrêté à l’établissement de santé concerné et à la caisse chargée des versements ».

Fronde médicale
Les généralistes fermeront leur cabinet en masse du 23 au 31 décembre. Les radiologues (FNMR) appellent à ne pas assurer la permanence des soins, les ORL (SNORL) fermeront leur cabinet, les anesthésistes (SNARF) se mobilisent aussi, les gastro et pédiatres se préparent, les dermatos (SNDV) prévoient une grève des télétransmissions illimitée et la branche AOC (anesthésie, obstétrique, chirurgie) de la CSMF prévoit un mouvement dur. Les réunions d’informations s’enchaînent à l’instar du tour de France de l’UFML (Cannes, Toulouse, Nantes, Bordeaux, Lyon, Paris et Metz) complété d’un courrier à tous les élus (maire, député, etc) pour les interroger sur leur position par rapport à la loi de santé.

Soins hospitaliers français : un coût supérieur à la moyenne européenne
L’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et l’institut européen de statistique Eurostat ont calculé que les soins hospitaliers coûtaient 23 % de plus en France par rapport à la moyenne de l’Union européenne. Le 10e rapport IGAS en 10 ans (!) souligne les efforts d’économies à faire par l’AP-HM. En 2013, 37 établissements sur 950 publics concentraient la moitié des pertes. Une douzaine, à la dérive, ont été placés sous administration provisoire. 16 personnes pour 1 000 habitants travaillent à l’hôpital en France, contre 11 pour 1 000 en Allemagne. Soit, au regard de la population, environ 50 % de fonctionnaires de plus qu’outre-Rhin. Par ailleurs, les emprunts structurés à risque, dits toxiques, souscrits par les établissements publics de santé, représentent encore 1 milliard d’euros des encours gérés par la Société de financement local (Sfil), sur 6,1 milliards d’euros de prêts au total, a indiqué jeudi le PDG de la Sfil, Philippe Mills.

Accouchement : que dit l’étude DREES ?
Selon une étude de la Drees rendue publique mardi, le risque d’avoir au moins une intervention lors de l’accouchement serait 1,2 fois supérieur dans les maternités privées, comparé aux maternités publiques. Plus précisément, le risque de déclenchement serait multiplié par 1,4 ; le risque de césarienne par 1,3 ; le risque d’extraction instrumentale par 1,2 et le risque d’épisiotomie par 1,3. Parmi les hypothèses soulevées, les auteurs font allusion au risque de poursuite judiciaire qui serait plus élevé dans le privé et amènerait les praticiens à pratiquer plus facilement une césarienne ou un déclenchement. Les pressions seraient également plus importantes en médecine libérale compte tenu de la responsabilité civile médicale. Ils évoquent également l’éventuel « gain de temps » de l’obstétricien du privé, quand il est amené à réaliser des consultations parallèlement à son activité en salle de naissance. De même, la « relation plus individuelle » avec la patiente ferait accéder plus facilement aux demandes des femmes souhaitant un déclenchement ou une césarienne.

L’AP-HP se modernise
L’AP-HP émet 5 millions de factures par an, et veut éviter d’annuler chaque année entre 38 et 48 millions d’euros de créances non acquittées. A partir de mars, les patients vont pouvoir payer avant de sortir de l’hôpital ou bien via Internet.


De l’air !
La semaine dernière, l’association Airparif en partenariat avec le CNRS publiait les résultats d’une étude affirmant que la pollution à Paris pouvait être comparée au tabagisme passif. Toute la presse, mais aussi Manuel Valls lors de son discours à la conférence environnementale, s’est fait l’écho de cet exemple un tantinet sensationnaliste : « Sortir dans Paris au plus fort du pic de pollution équivaut à entrer dans une pièce de 20 m2 contenant huit cigarettes allumées ». Néanmoins, Sébastien Payan, chercheur à LATMOS (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales) apporte un bémol à ces résultats. Selon lui, le périmètre observé ainsi que les outils de mesure utilisés seraient « peu représentatifs de l’atmosphère parisienne » et il ajoute : « Bien connaître la nature de la pollution c’est mieux déterminer son origine et donner aux services publics les moyens d’agir ». D’ailleurs, plusieurs campagnes ont été menées par le C2DS depuis 2010 pour sensibiliser ses établissements adhérents à la qualité de l’air intérieur. Rappelons que les pollutions intérieure et extérieure s’additionnent et peuvent aussi interagir en créant d’autres polluants. Si nous subissons l’air extérieur, nous pouvons contribuer à l’amélioration de l’air intérieur.