3 questions à Dr Max Ponseillé, PDG du groupe OC Santé à Montpellier

Dr Max Ponseillé, PDG du groupe OC Santé à Montpellier, réagit à la campagne tarifaire.

Une baisse des tarifs de 2,5 % : est-ce la récompense de la ministre pour avoir levé le préavis de grève en janvier ?
Ne tombons pas dans la provocation en réponse… Il est vrai qu’après la levée du préavis de grève de la FHP, nous aurions pu attendre autre chose. Ce que je remarque, c’est que c’est la première fois que les tarifs baissent également pour le secteur public. Il est évident qu’il faut baisser un certain nombre de charges, mais je suis satisfait que le secteur public participe à l’effort. Là où je suis moins satisfait, c’est le poids supporté par le secteur privé, de 1,5 % supplémentaire : cette compensation pour le CICE me paraît extrêmement lourde ! Les cliniques privées sont des entreprises privées comme les autres, si des réductions des charges nous ont été accordées, c’est que nous y avons droit. Ce qui se passe est donc injuste ! Le ministère ne prend pas en compte les difficultés de notre secteur. Pourtant, je ne suis pas surpris, car cela correspond en tous points à la vision du secteur privé de Marisol Touraine.

Concrètement, pour votre groupe, que signifie cette baisse des tarifs ?
Notre groupe a des établissements de santé avec diverses spécialités, certains risquent incontestablement de passer dans le rouge. Ces tarifs contraignent à une fuite en avant sur les volumes. D’une part, pour les personnels, toutes les propositions que nous allons pouvoir faire cette année seront décevantes. La politique salariale va souffrir de cette baisse et nous allons donc vers des troubles du climat social dans le groupe. D’autre part, la politique d’investissement menée va en pâtir, notamment pour les établissements MCO. Je vais devoir réfléchir aux investissements, certains devront être repoussés. Dans le groupe, certains travaux sont déjà prévus – je pense à un établissement de plus de 200 lits, dont le bâtiment de 30 000 m² devrait être livré dans l’année – et le budget est sans rapport avec les baisses annoncées. J’espère seulement que la baisse des tarifs ne va pas se répercuter au niveau national sur la qualité des soins.

Comment la profession doit-elle préparer la campagne tarifaire 2016 ?
La façon dont le secteur de la santé privé est traité depuis des années, dans un contexte certes difficile, me pousse à penser que nous devons revoir notre communication avec les pouvoirs publics. Surtout avec la Fédération hospitalière de France (FHF), nous devons trouver un moyen d’apaiser le débat. On a essayé à plusieurs reprises de montrer notre force, mais cela ne nous a pas été très favorable. Nous devons chercher à redevenir un acteur actif, plus intégré dans l’offre de soins, car nous sommes aujourd’hui marginalisés. Il faut penser au long terme et se repositionner : faire des propositions, créer des initiatives, être plus responsables politiquement afin de redevenir un interlocuteur incontournable. Ce n’est pas seulement l’accueil des internes, peut-être faudrait-il aussi s’engager davantage dans les projets de recherche. Nous avons encore des progrès à faire pour améliorer notre image, être moins revendicatifs. Mais j’ai été Président de la FHP, je sais que c’est compliqué. Je pense que nous devons nous attaquer davantage au débat de fond, plutôt qu’à des batailles ponctuelles. La confrontation avec Marisol Touraine n’a pas fonctionné, la séduction non plus d’ailleurs ! Ce n’est pas étonnant vu sa position, mais nous avions été déçus aussi par les précédents ministres de la Santé, même de droite et qui devaient nous être plus favorables. Je pense que nous devons réfléchir au discours général, à notre positionnement et à l’action à mener au long terme. Cela passe par une communication différente, afin d’être mieux reconnus, et ce par nos interlocuteurs de tous bords.