Alain-Michel Ceretti, Président de France Assos Santé

Quels sont les objectifs de France Assos Santé ?

En clair, nous avons l’intention de nous imposer. Le contre-pouvoir n’est ni offensif ni belliqueux mais nécessaire pour garantir une vraie démocratie en santé par la représentation politique des usagers du système de santé au travers des associations agréées. Nous représentons l’ensemble des cotisants et usagers du système de santé, et nous serons intraitables si nos représentants d’usagers qui siègent dans les instances ne sont pas respectés et sont traités comme des potiches.
Nos missions sont précisées par la loi. Tout d’abord, former les représentants des usagers qui siègent dans les différentes instances de santé. Cette montée en compétence est un des trois piliers qui soutiennent la maison France Assos Santé. Les représentants d’usagers du système de santé sur le territoire national sont aujourd’hui environ 15 000 à siéger dans de nombreuses instances : hôpitaux, cliniques, CPAM, HAS, ARS, etc. Ensuite, les textes relatifs à la santé proposés au parlement passeront par France Assos Santé, qui en fera une lecture critique et pourra en retour émettre des propositions. Enfin, la loi prévoit que nous accompagnions les associations agréées dans la mise en œuvre des actions collectives en santé.
Nous disposons d’un budget de 8 millions d’euros. Nos statuts nous interdisent de solliciter des industries du secteur de la santé. Le monde associatif doit être exemplaire dans sa gestion.
France Assos Santé se construira sur 3 piliers : la collégialité, la compétence et la visibilité.

Comment déclinez vous la collégialité, le « vivre ensemble » ?

Nous regroupons aujourd’hui 72 associations et disposons de 8 collèges par catégorie d’association. Contrairement à l’organisation du Collectif interassociatif sur la santé, auquel nous succédons, l’échelon régional est une émanation de l’organisation nationale. Il faut reconnaître que le CISS s’était « balkanisé », entraînant une faiblesse politique de l’ensemble. France Assos Santé se déploiera dans les régions au travers de ses représentations, au plus près des usagers, de la vraie vie. Le système de santé, son accès et sa qualité doivent être évalués dans chaque territoire par les usagers eux-mêmes grâce à des outils mis en place par France Assos Santé.

Ne souffrez-vous pas d’un manque de visibilité ?

Nous nous devons d’être visibles du public, qui doit pouvoir rencontrer nos représentants non seulement dans les lieux de soins mais aussi dans les commissions de recours. Ainsi, nous nous imposerons au sein des instances dans lesquelles le public a besoin de nous et nous attend. Par exemple, dans les commissions de recours amiables des CPAM, dans lesquelles tant l’administration que certains syndicats ne voulaient pas nous voir. Nous devons être utiles à ceux et celles pour qui, bénévolement, nous nous mobilisons, et personne ne nous en empêchera. Dans les 12 prochains mois, France Assos Santé doit être identifiée par les usagers du système de santé comme une institution utile et qui les représente.
Cette recherche de visibilité est le dernier de nos trois axes stratégiques de travail. Nous voulons être connus et reconnus par le grand public, car là réside notre force politique. Nous ne travaillons pas sur un sujet de colère, mais nous revendiquons un caractère exhaustif et unitaire. D’ici fin 2017, nous représenterons 90 associations. La question est ensuite de savoir rester un poil à gratter tout en travaillant avec le système. Nous voulons travailler avec, sans jamais perdre notre capacité d’indignation et de dénonciation. Notre principale inquiétude : la soutenabilité du système, et en particulier la question de l’accès aux molécules.