Prof. Guy Vallancien, Président de la Convention on Health Analysis and Management (CHAM)

« Pas de vague » disent de nombreux décideurs en santé. La CHAM est-elle un lieu de liberté de penser ou un Davos de la santé ?

CHAM est un moment de rencontres où la parole est libre. Si de nombreux décideurs en santé disent « pas de vague » c’est sans doute pour agir en profondeur, sans faire de mousse ni se parer dans le dogmatisme que l’on a connu pendant cinq ans. Promulguer de nouvelles lois ne sert à rien. Mieux vaut utiliser l’arsenal législatif actuel en multipliant les dérogations pour permettre aux initiatives de se développer. Il faut en finir avec le tout vertical pour repenser le système de santé à partir des expériences de terrain.

En référence à la fable de Erik Orsenna : rien ne sert de courir, faut-il mourir à temps ?

Courir pour courir n’a aucun sens. C’est fatigant et ennuyeux à la fois. Oui il faut mourir à temps. Les délires d’immortalité des transhumanistes sont absurdes. Nous ne sommes que des « passeurs de vie ». Les mutations sont le moyen de perdurer en nous adaptant, sous peine de disparaître. Si je vis mille ans, toujours le même, je serai dépassé par le reste de l’univers qui aura évolué.

Alors concrètement dans la santé, on commence par quoi ?

On commence par libérer les énergies en laissant les professionnels s’organiser avec le concours des patients et de leurs associations. Il faut un État stratège qui nous donne un but, qui nous montre l’étoile Polaire. La seconde mission de l’État est d’être le garant de l’accès pour tous à des soins de qualité. Tout le reste doit être libéralisé, dégagé de ces directives, circulaires et arrêtés qui figent les initiatives. Les acteurs de terrain ont plein d’idées. Qu’ils les appliquent région par région. Il faut en finir avec le tout vertical stérilisant, pour redonner un sens aux expériences quotidiennes, qui seront différentes d’un territoire de santé à un autre. Le mot clé pour assurer cette transformation est la CONFIANCE. Un État fort mais au périmètre réduit est l’avenir de la France et le meilleur moyen de faire évoluer notre système de santé dans la bonne direction.