Santé et climat : quand le corps médical prend position

Le mardi 12 décembre dernier, à l’occasion du #OnePlanetSummit, le Conseil National de l’Ordre des Médecins organisait un colloque autour de l’impact du réchauffement climatique sur notre santé. Maladies infectieuses, problèmes respiratoires, cardiovasculaires, déshydratation … la hausse de température à l’échelle locale, nationale ou mondiale affaiblit et expose davantage les populations. Jean Jouzel, climatologue et glaciologue reconnu, parle même de 300 000 à 400 000 décès supplémentaires dus au dérèglement climatique.

Ainsi, le débat mené par le CNOM était l’occasion de rappeler ces enjeux et de permettre au corps médical de prendre position sur cette question d’ampleur et de gravité mondiale.

Changement climatique : un impact environnemental mais aussi sanitaire

Pour preuve, entre 2000 et 2016, le nombre de personnes affectées par le changement climatique a progressé d’environ 125 millions de personnes dans le monde. Ainsi, le rapport le rapport The Lancet baptisé « compte à rebours sur la santé et le changement climatique » (ou Lancet Countdown) entend mesurer jusqu’en 2030 les progrès réalisés en matière de réduction de l’impact du climat sur la santé via des publications intermédiaires.

Le rapport The Lancet, souligne que le réchauffement climatique provoque davantage de stress thermique et prédispose à des insuffisances cardiaques prématurées ou à un risque accru d’insuffisances rénales. Le média a également lancé un appel à agir face à ce phénomène décrit comme « une urgence médicale » et « l’enjeu sanitaire le plus important du XXIè siècle. » Et le CNOM de compléter ce constat alarmant en insistant sur le fait que le changement climatique n’est plus à analyser par le prisme environnemental uniquement. C’est également un problème majeur de Santé Publique. Selon une récente étude, une augmentation de la température moyenne de 3°C d’ici 2100 engendrerait 50 fois plus de décès annuels, passant de 3000 entre 1981 et 2010 à 152 000 à la fin du XXIe siècle.

Le CNOM appelle à la sensibilisation des patients

Cette prise de conscience progressive est réelle et le CNOM entend également y participer. Le débat du 12 décembre 2017 en collaboration avec The Lancet a permis de prendre la température chez les médecins présents à l’événement. Il en ressort que les professionnels de santé s’accordent sur l’importance de sensibiliser le patient sur les risques d’une détérioration de la santé causée par le dérèglement climatique. En première ligne dans la relation avec les patients, le corps médical se doit d’endosser le rôle de messager. Comme l’a dit Anneliese Depoux, co-directrice du centre Virchow Villermé Paris-Berlin, « la communauté médicale a un rôle crucial à jouer pour sensibiliser la population au lien entre santé et réchauffement climatique. Elle doit donc être formée. Des MOOC ont été créés pour cela. »

Les médecins ont donc un rôle fondamental pour sensibiliser et donner une liste de bonnes pratiques pour que la patientèle change ses habitudes de vie afin de prévenir certaines pathologies liées au climat. Pour parvenir à ce but, un élément fait encore défaut : les questions du changement climatique sur la santé mondiale ne figurent pas dans le tronc commun des études de médecin souligen Hélène Rossinot, interne en médecine Santé-Publique.

Vers une transition à une société « bas carbone » ?

Si les voyants concernant la prise de conscience de l’impact direct du climat sur la santé ne sont pas au vert, un élan positif commence à prendre forme. Concernant les émissions de CO2 qui influent sur le dérèglement climatique, 72 % des villes de l’OMS dépassent les limites recommandées d’exposition aux particules fines. La lueur d’espoir réside dans le fait que l’abandon du charbon devient une alternative toujours plus crédible : les véhicules éléctriques se démocratisent et les systèmes de santé en développement deviennent les priorités des chantiers à accompagner et à financer. Le cap étant fixé en faveur d’un soutien plus important de la Santé Publique, l’engagement à 2030 est de respecter l’engagement de limiter la hausse de température en dessous de 2°C.

Au vu de la situation actuelle et des inégalités de richesses à l’échelle mondiale de nombreux freins subsistent et doivent être pris en compte. Les événements climatiques extrêmes vont indubitablement se multiplier et vont davantage creuser les écarts financiers, politiques et technologiques entre les pays en voie de développement et les grandes puissances mondiales.

Sources :