Dr Bertrand de Rochambeau Président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (SYNGOF), co-président du syndicat Le Bloc

Comment se porte la gynécologie-obstétrique libérale ?

En 1990, 50 % des naissances se faisaient dans le privé, elles ne sont plus que 20 % aujourd’hui. Tout se passe comme si l’État veut faire de la maternité un service public, avec l’objectif de diminuer notamment la mortalité maternelle. Sur ce dernier point, c’est raté, car celle-ci n’a pas bougé. De plus, depuis les années 80, les gynécologues-obstétriciens ne sont plus renouvelés, car la filière de l’internat ne suffit pas à répondre aux besoins. La dernière promotion ayant obtenu le Certificat d’études supérieures avant sa disparation, en 1987, part en retraite. Enfin, les gynécologues-obstétriciens privés ne sont pas assurés, et risquent la faillite personnelle. Au final, il y a de moins en moins de gynécologues-obstétriciens libéraux. Or, le recrutement des accouchements est directement lié au nombre de praticiens et pour faire fonctionner une maternité privée, il en faut au minimum 6, pour assurer les gardes 24h/24. À la différence du secteur public, un gynécologue-obstétricien libéral ne peut pas être rémunéré de plusieurs accouchements à la fois. Les maternités privées sont donc dépendantes du nombre d’accoucheurs, mais aussi d’anesthésistes et de pédiatres. Dans 30 % des départements, il n’y a plus de maternité privée. Si rien n’évolue, dans moins de 10 ans il ne restera que quelques gros établissements dans certaines grandes villes. Personne ne fera la révolution pour les maternités privées, car cette évolution est progressive et le service public est destiné à prendre la relève.

Comment les établissements peuvent-ils s’adapter ?

Pour inverser cette tendance, il faut actuellement encourager les gynécologues-obstétriciens à s’associer davantage avec les sages-femmes. Elles élargissent la base de recrutement des patientes et peuvent suivre la majorité des grossesses qui sont normales. Elles peuvent exercer sous statut libéral ou salarié. Pour définir les modalités de cette coopération, les praticiens doivent être les recruteurs, afin d’éviter tout risque de concurrence, et parce qu’in fine ce sont eux qui sont responsables et assurent la sécurité des pratiques des sages-femmes.

Il est certain que les maternités de niveau 1 vont disparaître, donc il faut tout faire pour obtenir un niveau 2. Si vous n’avez pas de plateau technique associé à votre maternité, vous la condamnez. Les établissements doivent aussi mettre en place le travail en équipe, sinon ils ne pourront pas recruter. Pour ces restructurations, il ne faut faire ni contre, ni sans les gynécologues-obstétriciens, sinon cela ne marche pas.

Restez-vous optimiste ? 

Heureusement qu’il y a des maternités privées qui fonctionnent bien et sont dynamiques. Elles ont un niveau 2, un projet médical attractif, un travail en équipe et en collaboration avec des sages-femmes, et elles ne font pas que des accouchements mais aussi de la PMA, du diagnostic anténatal et de la chirurgie sur un plateau technique étoffé. Elles donnent une belle image de notre secteur et nous montrent la voie. Concernant l’aspect tarifaire, le Syngof a négocié la dernière convention avec la mise en place de l’Optam pour que les honoraires libres ne soient pas un obstacle. Nous devrons aussi explorer une piste émergente : le partage de l’activité avec le secteur public. À certains endroits, les gynécologues-obstétriciens effectuent les accouchements à l’hôpital, et leurs actes de chirurgie à la clinique. Cela ne fonctionne que si les contrats s’adaptent à la demande des gynécologues, sans quoi ils arrêtent leur activité d’obstétrique.