CHU, des établissements de proximité ?

Les CHU représentent pour les Français l’excellence de notre système de santé et pour les jeunes médecins, la promesse d’une activité à haute valeur médicale. Le récent rapport de la Cour des comptes relativise en soulignant « une activité d’offre de soins qui ne permet pas de caractériser les CHU ».

Avec 5,9 millions de séjours, les 30 CHU ne sont que le troisième offreur hospitalier, après le secteur privé et les centres hospitaliers qui assurent respectivement 10,2 millions et 9,3 millions de séjours. De plus, les cinq premiers CHU (AP-HP, HCL, AP-HM, Bordeaux et Toulouse) concentrent à eux seuls 42 % de l’activité totale des CHU. Au-delà de la dizaine de CHU qui effectuent la plupart des activités d’expertise et de recours, les autres sont de plus petite taille et ont une activité qui se distingue assez peu d’autres établissements hospitaliers publics ou privés, note la Cour. Ainsi, les patients présentant un faible niveau de sévérité sont en proportion identique dans les CHU et dans les CH (respectivement 63,7 % et 63,5 %).

Autres préjugés battus en brèche, les activités de recours ne représentent en moyenne que 4,6 % des séjours des CHU. Les soins de proximité constituent ainsi une part prépondérante de leur activité, selon des modalités qui les différencient peu des CH ou des cliniques privées. Concernant l’âge des patients, les CHU accueillent en proportion moins de patients de plus de 85 ans que les CH ou les cliniques, et à l’inverse davantage d’enfants de moins de 4 ans du fait du régime des autorisations. Notons qu’ils sont à la peine en ce qui concerne la chirurgie ambulatoire (35,4 % versus 61,9 % dans les cliniques).

Pour autant, les temps sont difficiles aussi pour les CHU qui souffrent de déficits installés et d’une fragilité financière croissante. On peut donc légitimement s’interroger sur la pertinence de leur positionnement comme le fait la Cour des comptes. Elle souligne qu’à l’étranger la plupart des établissements hospitalo-universitaires se concentrent sur les missions d’expertise et de recours et n’assurent pas autant qu’en France une mission de soins de proximité. Cette moindre spécialisation des CHU français sur des tâches spécifiques en matière de soins se traduit par des relations moins intenses avec les autres établissements de soins et une coordination insuffisante. Ce qui fait écrire à la Cour des comptes que les CHU n’ont pas de compétence en matière d’organisation territoriale des soins.

La réorganisation en réseaux des CHU et leur repositionnement sur les activités de recours semblent être nécessaires pour mieux répondre aux besoins de la population.