Covid-19, canicule et vieillissement de la population… Constat de la mortalité en France ces dernières années

Depuis trois ans, la santé des Français a été mise à rude épreuve. La crise sanitaire sans précédent due à la Covid-19 a notamment bousculé les statistiques et s’est hissée dans le top 3 des principales causes de décès sur le territoire après les cancers et les maladies cardiovasculaires, selon Santé Publique France. Mais la pandémie n’est pas la seule cause de décès depuis près de trois ans. Rétrospective de la situation épidémiologique de ces dernières années…

Alors que les maladies cardiovasculaires constituaient la première cause de mortalité en France jusque dans les années 2000, les différents types de cancer sont ensuite passés en première position les années suivantes, suivis des accidents de la route et des suicides. L’année 2020 a connu quant à elle, un véritable tournant avec l’arrivée du coronavirus et le vieillissement de plus en plus important de la population Française. Ce virus, particulièrement virulent chez les personnes fragiles ou en commorbidités, a provoqué une importante vague de décès.

2020 : une année marquante pour la France

Avec 667 400 décès recensés sur l’année 2020 toute pathologie confondue, la France a connu le plus grand nombre de décès de son histoire selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Cela représente 9% de plus de décès qu’en 2018 ou 2019.

Si la surmortalité en 2020 par rapport à 2019 s’élevait à 56 287 décès supplémentaires (soit 9,2%), elle est de 47 408 en 2021 par rapport à 2019 (soit 7,8%).

La Covid-19 : troisième cause des décès sur cette même année

L’épidémie de Covid-19 aura marqué ces trois dernières années. Elle est notamment responsable de la mort de plus de 69 000 Français au cours de l’année 2020 malgré les multiples mesures mises en place pour endiguer la propagation du virus sur le territoire Français, avant le lancement par la suite, de la grande campagne de vaccination. Cette vague de contamination mortelle a particulièrement frappé les séniors âgés de 85 ans et plus.

En parallèle, les causes de décès les plus fréquentes sur la même année, restent les tumeurs malignes (25,6%) et les maladies cardio-neurovasculaires (20,2%). De façon générale, les hommes connaissent un taux de décès supérieur aux femmes toute pathologie confondue. Ce taux de mortalité ressort toutefois à part égale en ce qui concerne la Covid-19.

Si cette période noire pour la vie sociale des Français a été difficile à vivre, elle a toutefois grandement contribué à abaisser le nombre de décès par mort violente due à des accidents de la route ou en lien avec la criminalité. Cette tendance est notamment due aux différents confinements instaurés à plusieurs reprises et sur des périodes plus ou moins étendues.

Une baisse de la mortalité constatée sur les autres pathologies. Réalité ou données biaisées ?

Au regard du nombre de décès causé par la pandémie, Santé Publique France estime que le taux de mortalité dû à d’autres pathologies a relativement baissé. Selon les dernières statistiques, le nombre de décès lié à des tumeurs, des maladies cardio-neurovasculaires, du système nerveux ou encore en lien avec des troubles mentaux serait inferieur aux données publiées sur la période 2015/2017.

Un constat en demi-teinte étant donné que certains de ces patients malades de cancer, en insuffisance respiratoire ou cardiaques seraient décédés par la Covid-19. Toutefois, la mise en place des gestes barrières tout au long de la crise sanitaire ont eu un effet bénéfique, en particulier en ce qui concerne les maladie respiratoires et infectieuses (hors covid-19).

L’année 2022 semble battre des records…

La France compte 654 492 décès entre le 1er janvier et le 24 décembre 2022 selon les données provisoires publiées le 6 janvier 2023 par l’INSEE. Ces statistiques sont notamment en lien avec le vieillissement significatif de la population mais pas seulement !

L’année 2022 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée jusqu’alors, avec des épisodes de canicule successives en raison du réchauffement climatique.  Ces trois périodes de canicule ont causé des pics de mortalité. Plus de 10 000 décès supplémentaires ont été recensés lors de la période estivale par rapport à la normale selon l’INSEE.

Quelles sont les perspectives pour 2023 ?

En ce début d’année, La France compte plus de 68 millions d’habitants mais moins de nourrissons, et beaucoup de personnes âgées !

La croissance de la population est principalement liée au solde migratoire (+161.000 personnes), mais aussi tirée par le solde naturel de la population, c’est-à-dire la différence entre le nombre de naissances et de décès sur le territoire.

Ce solde, qui s’élève à +56.000 personnes, atteint son plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, précise l’Institut national de la statistique. Une situation qui s’explique par un recul des naissances et une hausse de la mortalité causée par le vieillissement de la génération « baby-boom »…

Qu’en est-il de la certification électronique des décès lancé par l’Inserm ?

Cette certification a pour objectif de garantir une immense source de données et d’indicateurs pour contribuer à la santé, la recherche et la sécurité sanitaire. Elle favorise une remontée rapide des cas de mortalité à l’Insee et à Santé Publique France et permet de disposer d’une analyse quasiment en temps réel, contrairement à la certification papier. De ces données se jouent la mise en place des politiques de santé plus impactantes et adaptées aux réalités. En 2018, 94 000 décès ont été certifiés par la voie électronique, soit 15,6 % des décès survenus en France.

Début 2020, la certification électronique des décès a permis d’enregistrer 20% de la mortalité nationale. En lien avec l’épidémie de Covid-19, le déploiement de ce dispositif a progressé, permettant d’atteindre près de 35% de la mortalité nationale mi-2022. Cette part de décès certifiés électroniquement est toutefois encore hétérogène sur le territoire (entre 0% et 50% selon les régions) et selon le type de lieu de décès (utilisé pour un décès sur deux survenant à l’hôpital, mais que pour 5% des décès survenant à domicile).

 

Sources :