Fil vert du 16 janvier 2017

Suivez le fil

Photographie 2016 de l’engagement des acteurs MCO dans une démarche de développement durable

Une fois par an, le C2DS présente une photographie de l’engagement du secteur sanitaire et médico-social dans une démarche de développement durable.

61 % des établissements répondants ont écrit et diffusé une politique de développement durable propre à l’établissement. C’est presque deux fois plus que l’année précédente.

66 % des acteurs de l’achat sont formés aux achats responsables, un indicateur qui gagne 9 points.

Les conditionnements jetables sont supprimés dans 36 % des cas, soit une progression de 11 points.

54 % des répondants forment leur personnel aux médecines complémentaires et/ou alternatives (hypnose médicale, acupuncture, etc.).

55 % ont réalisé ou ont prévu de réaliser une analyse de la qualité de l’air intérieur. Une hausse record de 29 points qui démontre une réelle prise de conscience.

25 % des établissements ont mis en place des actions pour lutter contre le gaspillage alimentaire, un indicateur en hausse de 10 points.

50 % ont réalisé ou prévu de réaliser un état des lieux sur les propriétés de danger et la quantité des déchets.

29 % ont intégré des critères développement durable dans les marchés signés avec les entreprises.

30 % développent une politique de réduction des consommations d’eau.

47 % ont réalisé une enquête de type « bien-être au travail » et 12 % l’envisagent. À noter un recul de la profession sur cet indicateur en baisse de 22 points.

Sur le champ MCO, 150 établissements de santé publics et privés ont rempli les 200 indicateurs de l’IDD Santé Durable 2016, organisés en 11 thématiques. Cet outil d’autodiagnostic évalue le niveau de maturité des établissements en matière de développement durable, il correspond en particulier au point 1b du manuel de certification de la HAS. Aujourd’hui, plus de 400 établissements sanitaires et médico-sociaux utilisent la plateforme web du C2DS, et près de 2 000 depuis sa création il y a 10 ans.

Les initiatives

 

Les métaux sont précieux

Clinique Rhône-Durance, Avignon (84) et Polyclinique Les Fleurs à Ollioules (83) 

Fin 2016, plusieurs cliniques du groupe Médipôle-Partenaires signaient une convention avec un prestataire pour mettre en place un circuit de collecte vertueux des métaux. La Clinique Rhône-Durance à Avignon et la Polyclinique Les Fleurs à Ollioules ont joué le rôle d’éclaireurs. Elles collectent et revendent depuis plus de deux ans les dispositifs médicaux contenant des métaux. « Les sondes cardiaques, agrafeuses, plaques de bistouri et autres instruments métalliques ou en contenant, sont décontaminés puis disposés dans des containers dédiés à la sortie du bloc », explique Audette Henry Barriol, cadre du bloc à Rhône-Durance, et qui tient une comptabilité méticuleuse des entrées et sorties. En 2015, 1 400 sondes ont été recyclées et leur prestataire a reversé pour l’ensemble des métaux collectés 6 200 euros. Sylvie Poulet, pharmacienne à Ollioules coordonne la collecte des sondes électro physiologiques et des pacemakers. « Le recyclage des pacemakers ne nous rapporte rien, mais ne nous coûte plus rien non plus. Auparavant il fallait compter quatre euros par pacemaker pour leur enlèvement », explique-t-elle. Toutes deux soulignent l’importance de l’implication des équipes dans la mise en place de ce circuit vertueux.

 

Investir pour économiser

Clinique Saint Roch, Roncq (59)

Acteur de la première heure sur les questions environnementales, et fort de deux bilans carbone en 2008 et 2014, la Clinique Saint Roch mesure aujourd’hui les résultats de ses investissements. « Nous avons démarré par le remplacement en 2014 de nos deux chaudières vieilles de 30 ans par deux chaudières à basse température qui fonctionnent en binôme, ce qui nous a permis de réduire sensiblement nos consommations de gaz. Nous avons par ailleurs isolé notre toit plat avec un matériau à haute résistance thermique et avons installé une ventilation double flux. Nous avons isolé nos conduites d’eau chaude sanitaire dans les anciens bâtiments et réalisé le bouclage d’eau chaude sanitaire au pied du réseau afin de ne plus attendre l’arrivée d’eau chaude aux points de puisage. Ensuite, nous avons généralisé progressivement l’emploi des éclairages LED et placé des détecteurs de présence dans les services communs et locaux de travail. Notre prochain chantier concernera l’installation de sous-compteurs. Enfin, nous souhaitons informer en temps réel nos patients et visiteurs sur nos consommations via des écrans d’affichage placés à l’accueil », explique Alain Lahousse, directeur. Les résultats sont là : la consommation de gaz est passée de 230 à 160 kwh/m2 par an entre 2013 et 2015, et la consommation énergétique de 107,06 kwh/m2/an est restée stable alors qu’un nouveau service de 2 500 m2 était ouvert et que l’activité était en hausse !

 

Le poids des DASRI

Centre Médico Chirurgical de Tronquières, Aurillac (15)

Les DASRI pèsent lourds dans l’empreinte environnementale d’une journée d’hospitalisation, près de 1,16 kg par journée selon les résultats 2016 de l’observatoire Obscare. Depuis 2010, le CMC de Tronquières se situe en dessous de la barre de 1 kg, et a en 2016 réussi à réduire encore son ratio de 20 % à 0,81 kg. « Nous avons travaillé sur le tri des DASRI à la source et développé des filières. En 2013, les déchets de préparation de chimiothérapie (URC) partaient en DASRI, nous avons depuis trouvé une filière appropriée aux risques chimiques et ils sont désormais incinérés dans un centre de traitement spécifique. Par ailleurs, nous avons récemment trouvé une solution pour la destruction des documents confidentiels : comptes-rendus des analyses biologiques de laboratoire reçus en double par fax puis par courrier, des planches à étiquettes patients, des listing divers, etc. Ces documents étaient éliminés avec les DASRI pour conserver leur confidentialité. Or le papier pèse lourd, cette mesure nous a fait gagner presque 10 % en poids de DASRI. Globalement, c’est aussi notre travail de sensibilisation auprès des personnels, leur implication et leur rigueur au quotidien, leurs idées et la mise en place d’une vraie politique de tri qui nous a permis de progresser rapidement. En revanche, il nous reste encore du travail à faire au bloc opératoire, où nous avons encore quelques pistes de réduction possibles », confie Benoît Chabbert, qualiticien.

 

Le dossier

Les dispositifs médicaux sans DEHP existent

La CAHPP lançait une enquête auprès de ses 172 fournisseurs référencés de dispositifs médicaux (DM), en particulier utilisés en maternité, pour faire la transparence sur leur niveau de toxicité en DEHP, un puissant phtalate.

Sur les 66 industriels qui ont répondu, 15 produisent d’ores et déjà des DM totalement exempts de DEHP. « L’exercice est donc possible », déclare Yvon Bertel Venezia, PDG de la CAHPP. « Les parlementaires ont-ils sérieusement testé le marché pour craindre une rupture d’approvisionnement de certains dispositifs et décider de reporter l’interdiction de DEHP dans les services de néonatalogie ? »

En effet, les parlementaires renonçaient à une interdiction pure et simple du DEHP et ont fait preuve d’une très grande prudence. L’instruction du 17 juillet 2015 relative à l’interdiction de l’utilisation des tubulures comportant du DEHP dans les services de pédiatrie, de néonatalogie et de maternité « invitait à privilégier les tubulures comportant la concentration en DEHP la plus faible possible ». En octobre 2016, un projet d’arrêté notifié par la France à la Commission européenne propose de fixer la concentration maximale en DEHP à 0,1 % masse/masse de matière plastifiée.

Les informations sur le niveau de toxicité des DM figurent rarement sur les packagings comme sur les fiches techniques. D’une manière générale, ces informations sont très rarement accessibles pour l’acheteur et pour le soignant et il a fallu plusieurs mois à la CAHPP pour les obtenir. Comment les professionnels de santé peuvent-ils correctement respecter la règlementation en l’absence d’informations des industriels ? « Nous devons continuer à responsabiliser le marché et œuvrer pour une plus grande transparence pour tous », conclut Yvon Bertel Venezia.