Édition spéciale N°3 – 6 Septembre 2022 – Éric TABOUELLE

Éric TABOUELLE, Président directeur général, Helpévia

 Le cœur de métier d’Helpévia depuis 40 ans est d’optimiser la fonction achat des établissements de santé.

Quelles sont les solutions apportées par Helpévia dans ce contexte inflationniste ?

Dès 2021, en anticipation, en accord avec les industriels et avec des correspondants sur le terrain, Helpévia a progressivement développé une stratégie de régulation des hausses de prix. Nous avons mis en place des indices de références, posé des indicateurs mesurables, négocié des échéances de court terme pour revoir régulièrement les fournisseurs pour les produits impactés par le coût des matières premières et à faible valeur ajoutée de transformation. Chez Helpévia, le référencement de deux industriels par marché entretient la concurrence, c’est une saine émulation sur les prix, la qualité produit et les services. Mais au-delà, il faut trouver d’autres mécanismes pour minorer les impacts de cette inflation qui est durable.

Les marchés les plus chahutés à la hausse sont ceux de l’énergie. Une grande partie de nos adhérents étaient sous contrat Helpévia et n’ont donc pas subi de hausse, jusqu’au renouvellement de leurs contrats pour lesquels on se prépare à des hausses sans commune mesure. Le coût de l’énergie est multiplié par cinq et l’augmentation du gaz est encore supérieure. Concernant le segment restauration, le rapport de force est violent : pas de livraison si la hausse des prix n’est pas acceptée. L’énergie, puis la restauration, les DM, la location/entretien du linge et les fournitures de bureau (le papier augmente de 30 % chaque trimestre) sont le top 5 des hausses. Les impacts sur le compte d’exploitation d’un établissement sont colossaux.

L’autre grand enjeu de cette rentrée est la question RH. Comment venez-vous en soutien aux établissements de santé ?

Nous proposons des solutions structurées pour des remplacements rapides afin de pallier les imprévus. Les solutions durables sont à chercher collectivement dans une attractivité retrouvée des établissements, non pas seulement au niveau financier mais en termes de qualité de vie au travail, qualité des plannings, souplesse de fonctionnement, avantages périphériques. Sur ce point, Helpévia, également courtier en assurance, porte des contrats de prévoyance collective et de complémentaire santé auxquels nous avons associé de nombreux services gratuits et actions de prévention très appréciés des salariés. À l’automne, nous organisons une journée RH dans plusieurs régions pour aborder le sujet de l’attractivité employeur. Les solutions sont économiques mais aussi qualitatives, sans oublier celles spécifiques aux moins de 30 ans. Il y a une dizaine d’années, les employeurs choisissaient leurs employés, aujourd’hui c’est exactement l’inverse.

Retrouver de l’attractivité, du sens, c’est aussi s’engager dans une démarche de développement durable et particulièrement d’achats durables, quelles sont vos actions dans ce domaine ?

Helpévia était présent à la création du C2DS en 2007 et dès 2011 nous avons initié une politique d’achats responsables. Nous évaluons chaque année environ 600 fournisseurs de tous segments d’achat à partir des réponses apportées aux 30 à 50 critères structurés autour des 7 axes de l’ISO 26 000 et des éléments de preuve fournis par les fournisseurs. Les industriels reçoivent ensuite une note de A à E. Ces résultats sont présentés lors des réunions régionales de référencement et nos adhérents peuvent intégrer cette information dans leur décision d’achat depuis 11 ans.

Concernant l’engagement d’Helpévia, nous déployons actuellement notre troisième plan RSE doté d’une trentaine d’actions. Dès 2012, nous avons rédigé un code de déontologie qui exprime nos valeurs, notre engagement professionnel d’intermédiaire, l’équité de traitement des offres, la transparence, etc.

Dès l’année dernière et post 1re vague Covid 19, nos adhérents nous ont demandé de redonner la main à des fournisseurs français et européens. La réflexion est plus complexe que s’interroger sur le prix, il faut désormais prendre en compte aussi la sûreté et la réactivité d’une chaîne logistique courte. Tous les établissements connaissent des ruptures d’approvisionnement ou des retards de livraison sur les dispositifs médicaux. Ils aspirent tous aujourd’hui à davantage sécuriser leurs approvisionnements.

Quelles sont les évolutions de votre métier que vous observez ?

Nos principes et nos valeurs à Helpévia restent inchangés, en revanche, notre métier évolue : il faut s’adapter à la concentration du secteur avec l’émergence d’opérateurs de grande taille dont les feuilles de route sont distinctes de celles des établissements indépendants.

Helpévia s’est beaucoup différencié sur l’apport de services dans une logique d’accompagnement, de proximité terrain des responsables de région, de compétences de nos experts métiers. Notre différence se fait sur les services additionnels, c’est une valeur ajoutée au-delà de la négociation.

On nous prête une certaine agilité et modernité. Oui, nous travaillons différemment de ce que nous faisions hier et de ce que nous ferons demain car notre rôle d’intermédiaire entre les établissements et le marché est d’écouter nos parties prenantes et de trouver des solutions en phase. Nous ajustons nos process à partir des réponses aux questions très concrètes posées aux établissements à l’issue des marchés. La création d’une plateforme de distribution de DM avec Rhésus illustre aussi cette modernité. Les pharmaciens affiliés à Rhésus sont satisfaits de gagner de l’argent sur leurs budgets, de gagner du temps et de l’efficacité, de ne recevoir qu’une seule livraison et non 10, etc. Nous pensons autrement les achats.