Fil Vert du 17 avril 2018


* (Observatoire de la performance et du développement durable en santé piloté par la FHP – 158 cliniques et hôpitaux privés )

Les initiatives

Résolument verte

Polyclinique Saint Côme, Compiègne (60)

Depuis sa reconstruction intégrale en 2009 l’établissement avait déjà adopté des concepts innovants liés au développement durable. Par exemple, pour les chambres de soins intensifs, la climatisation avait été remplacée par un rafraîchissement avec de l’eau glacée circulant dans les plafonds. Mais à l’heure de construire l’extension – 4 000 msur 3 étages – qui abritera notamment un centre de dépistage dédié au cancer du sein et un bloc ambulatoire de type « circuit court », la direction a voulu aller plus loin, en optant pour un bâtiment de type HQE. Vincent Vesselle, directeur, détaille cette démarche.
« Les travaux ont démarré en novembre, pour une livraison en 2019. Pour la conception du bâtiment, nous avons sélectionné les critères de certification compatibles avec les normes en santé, en portant une attention particulière au bien-être du personnel. Nous avons privilégié autant que possible la lumière naturelle, en multipliant les ouvertures, et travaillé sur l’acoustique. Suite à l’audit de démarrage, nous avons obtenu la classification « excellent » (niveau 3 sur 4). La certification HQE prend en compte la phase de construction, car des critères sont aussi suivis sur le chantier. Nous nous sommes donc engagés à avoir un chantier propre, avec tri des déchets et réduction des nuisances. »
Le surcoût (7 %) est pleinement assumé par la direction, au vu de l’intérêt environnemental, et de l’amélioration attendue des conditions de travail.

L’esprit d’équipe

Clinique de l’Anjou, Angers (49)

Pour l’établissement, qui vient de renouveler sa certification ISO 14001, la qualité de vie au travail est une préoccupation constante portée par la direction, le service de santé au travail, et les instances représentatives du personnel réunies au sein d’un groupe de travail dédié. Stéphane Galiegue, directeur général, présente les actions passées et en cours.
« Nous avons en 2016 mis en place une Campagne des couleurs, pour attirer l’attention de tous sur l’importance de l’attitude entre collègues. Le personnel arborait des badges : smiley pendant la semaine du sourire, puzzle pendant la semaine des complémentarités, etc. Puis nous avons convié une troupe de théâtre en entreprise. Les salariés ont écrit des scénarios basés sur des scènes vécues entre collègues. Ceux qui le souhaitaient sont même montés sur les planches pour jouer devant plus de 100 personnes, lors de chacune des 4 représentations. Depuis 2 ans, nous proposons également des séances de relaxation, animées par une salariée qui est qualifiée. 
Actuellement nous finançons un coach sportif qui propose des séances – pilates, renforcement musculaire, gym douce – pour le personnel. Nous avons été accompagnés par la délégation régionale du Comité national olympique et sportif français qui propose ce type d’actions en vue de Paris 2024. En parallèle, nous avons créé une association sportive en partenariat avec des représentants du personnel. Tous les salariés peuvent adhérer, et proposer des idées de sortie, de la balade au trail de 20 kilomètres. Nous sommes déjà 70 inscrits. L’information circule via Facebook, et le site du CE. »

Une belle image

Groupe Cap Santé

Le groupe implanté en Occitanie n’a pas attendu les grèves de la SNCF pour développer la visioconférence entre ses 14 sites. « Nos directeurs ont le choix entre être physiquement présents aux staffs du groupe, ou être avec nous en visioconférence », précise Laurent Ramon, directeur général du groupe.
Au final, pour une moyenne de 10 directeurs d’établissements utilisant cette technique chaque semaine, les bénéfices suivants sont espérés : 30 000 kilomètres en moins pour l’environnement, et 30 000 euros d’économies pour le groupe.

Le dossier

Hypersensibilité électromagnétique : un rapport sur le fil.

C’est dans un contexte de controverse que l’Anses a consacré un rapport  à la question de l’hypersensibilité électromagnétique (EHS), réalisé par un Comité d’experts spécialisé (CES).

Depuis le début des années 1980, la littérature scientifique rapporte le cas de personnes se plaignant de troubles attribués à une exposition à des champs électromagnétiques, soit des radiofréquences (téléphone mobile, Wi-Fi, antennes relais, etc.) soit des extrêmement basses fréquences (lignes et installations électriques). La définition de l’EHS retenue par les experts est celle de l’OMS : la perception par les sujets de symptômes non spécifiques (fatigue, troubles du sommeil, maux de tête, symptômes cutanés, etc.), l’absence d’évidences cliniques et biologiques expliquant ces symptômes, et l’attribution de ces symptômes par les sujets eux-mêmes à l’exposition à des champs électromagnétiques. La prévalence de l’EHS en France et à l’international (entre 2008 et 2013) serait d’environ 5 %, et ne semble pas augmenter.
Les personnes atteintes sont, en moyenne, plus anxieuses et déprimées, sans que l’on puisse déterminer si ces troubles sont la cause ou la conséquence des symptômes ressentis. Au vu des symptômes ressentis, le rapport présente 3 hypothèses majeures à approfondir : un lien avec les migraines, un dysfonctionnement de l’horloge circadienne (qui expliquerait les troubles du sommeil), et une « hypersensibilité » (Les « hypersensibles » percevraient leur environnement avec une acuité et une sensibilité particulière).

L’être humain est-il capable de percevoir les champs électromagnétiques ? 
Quelques études ont permis de mettre en évidence une hypersensibilité au courant électrique, mais aucune ne permet d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes décrits. Par contre, des résultats concordants montrent que, soumises à des expositions factices, les personnes atteintes expriment un nombre de fausses reconnaissances et de symptômes ressentis plus élevé. L’effet nocebo joue donc certainement un rôle non négligeable. Le CES souligne l’intérêt de réaliser des études sur le suivi à long-terme des personnes et d’étudier la complexité de la relation soignant-soigné pour les personnes atteintes, dont l’errance médicale et l’isolement sont notables.
Pour cela, le CES recommande aux acteurs sanitaires et sociaux de développer la formation des médecins (écoute et prise en compte de la qualité de vie des personnes atteintes). « Aucune donnée ne permettant d’objectiver l’efficacité de zones blanches ni de chambres d’hôpital spécifiques » précise le rapport. Toutefois, le CES renouvelle aux pouvoirs publics ses recommandations en matière de réduction des niveaux d’exposition et souligne l’intérêt d’étudier le lien entre la multiplication du nombre d’antennes et l’augmentation parallèle de la valeur moyenne de l’exposition.

Méthodologie
Le CES s’est intéressé à la littérature scientifique, et à des expériences de terrain à travers une vingtaine d’auditions de médecins, associations de citoyens, élus, chercheurs, etc. Avant publication, ce rapport a également fait l’objet d’une consultation publique. 150 des plus de 500 commentaires recueillis ont entraîné une modification du rapport d’expertise.

Crédits photos : Polyclinique Saint Côme, Clinique de l’Anjou, Shutterstock